En 1870, il y a la guerre contre la Prusse. L'Empire français, Napoléon III, contre Bismarck. Il se trouve que Napoléon III perd. On a des mouvements de foule, des intrigues à l'Assemblée et, le 4 septembre, la République est proclamée.
On peut imaginer l'espoir que cette proclamation a suscité chez les républicains. On doit pouvoir comparer à 1981, à un niveau incommensurable… Mais voilà, les républicains voient plus ou moins les mêmes que sous l'Empire rester à la tête de l'État. Et aucune élection ne vient confirmer cette proclamation…
L'hiver est rude. Paris est assiégé par les Prussiens, c'est-à-dire que les vivres, le bois pour se chauffer, le courrier, plus rien ne circule.
Et les républicains insistent, manifestent et s'organisent. La méfiance est de plus en plus âpre. Le gouvernement se persuade que les républicains socialistes sont des exagérés, des factieux, des sanguinaires. Ca explique qu'il fasse arrêter les chefs, ou même fasse tirer sur la foule au cours d'une manifestation…
On regarde. Sont-ils à ce point exagérés ? Exigeants, méfiants, oui. Mais… Qu'est-ce qui peut bien faire que le gouvernement considère l'ordre à ce point menacé ?
Le gouvernement signe un armistice avec la Prusse… Les élections législatives voient la Province élire des monarchistes à l'Assemblée… Rien n'est fait pour rassurer les républicains…
Le gouvernement cherche à affaiblir ce mouvement de protestation à Paris. Il censure les journaux, interdit les clubs, supprime les pensions aux gardes et lève un moratoire sur les loyers qui frappe durement les ménages… Sans doute, ces mesures ne paraissent pas suffire… Sous un prétexte quelconque, les troupes du gouvernement attaquent Paris le 18 mars 1871.
Les femmes, les enfants accourent au petit matin. Et les soldats refusent de tirer. A Montmartre, à Belleville, à la Bastille… La tête de l'État fuit Paris. Et les républicains socialistes se retrouvent le pouvoir municipal dans les mains pour quelques mois.
Et c'est là qu'on voit qu'ils n'étaient pas exagérés, à l'épreuve du pouvoir. Ils commencent par convoquer des élections. Et les mesures qu'ils prennent sont simplement très en avance sur leur temps… Ils se prononcent pour l'enseignement laïque et obligatoire et la séparation de l'Église et de l'État… Et ils réfléchissent à un salaire minimum, au plafonnement des salaires, à l'éligibilité des étrangers, et soutiennent les coopératives ouvrières… Sur la question des femmes, on ne peut pas dire, par contre, qu'ils étaient en avance du tout… Ils ne pillent pas, ne se servent pas dans les caisses ; ils s'inquiètent du traitement des prisonniers… bref, on ne trouve rien dans leur approche qui fasse grincer des dents.
Mais le gouvernement rassemble ses forces, négocie avec la Prusse pour récupérer des soldats prisonniers et finit par déclencher une guerre civile. Là, la chose militaire et celle politique et sociale se court-circuitent. Là, on peut déplorer certaines mesures que les Communards prendront, au prétexte de la guerre, notamment la censure des journaux d'opposition, censure qu'ils dénonçaient pourtant, ou la décision d'une poignée de Communards de faire abattre des otages, vers la fin des combats.
Si on regarde le bilan, les chiffres sont une honte pour le gouvernement : On parle de 30 000 hommes, femmes, enfants massacrés par les troupes du gouvernement et d'une centaine d'otages tués soit par des Communards soit par des mouvement de foule.